Affaire Thomas SANKARA : le déni de justice de la justice burkinabè
Après moult péripéties ponctuées de renvois successifs, c’est finalement ce 30 avril que la Chambre Civile du TGI (Tribunal de Grande Instance) de Ouagadougou a rendu sa décision tant attendue dans l’affaire Thomas SANKARA.
Pour mémoire, une demande d’expertise de la tombe de Thomas SANKARA a été introduite devant la justice par le biais d’un pool d’avocats à l’effet d’exhumation et de procéder à des tests ADN pour attester de la présence ou non de SANKARA dans cette tombe au cimetière de Dagnoen. Cette décision s’est soldée par une déclaration d’incompétence. En langage courant ou non-juridique, la Chambre Civile du TGI décide de ne rien décider et se désengage ainsi dudit dossier. Mais pouvait-il en être vraiment autrement ?
Si décevante soit cette décision, elle ne doit pas pour autant surprendre. Pour peu que l’on connaisse cette justice et particulièrement la nature et la portée politique de l’affaire SANKARA, nul observateur, même le plus naïf, n’est surpris de cette décision d’incompétence qui n’est ni plus ni moins qu’un déni de justice.
Pour notre part, nous ne voyons pas comment il aurait pu en être autrement. En effet, hormis cette lucarne par laquelle elle est sortie, deux (2) autres portes honorables s’offraient à la chambre civile du TGI. Ainsi, elle pouvait soit accéder à la requête à elle adressée soit la rejeter purement et simplement. Dans l’une ou l’autre de ces hypothèses, la décision du tribunal aurait été lourde de conséquences politiques imprévisibles. Alors, en vertu de quel intérêt, le régime de la IVe république, même de plus en plus fébrile, autoriserait- il ses ‘’juges acquis ‘’, comme l’affirmait un ancien ministre de la justice de ce pays, à rendre une décision de toute autre nature que celle-là ?
En tout état de cause, nous ne nous attendions pas à mieux que cette décision mécanique dans la mesure où nous avons conscience que la justice burkinabè ne quittera pas de sitôt sa logique implacable de déni de justice car, cette décision d’incompétence rappelle fort curieusement et peut être mise en parallèle avec celle de non-lieu décrétée dans l’affaire Norbert ZONGO.
Bien que la bataille judiciaire ne soit qu’à son début, la justice burkinabè, avec toute la maladresse qu’on lui connait depuis belle lurette, vient de démontrer qu’elle n’est ni plus ni moins qu’une institution captive préférant encore une fois de plus emprunter un labyrinthe au lieu d’un escalier.
Tout compte fait, nous demeurons convaincus qu’au-delà d’une hypothétique expertise tombale, tôt ou tard, justice sera rendue à SANKARA.
MSV-Burkina, rien que les droits des peuple!
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